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son talisman avec une joie évidente. J’accepte aussi le dépôt que vous me faites et qui est de la dernière importance, puisqu’il justifie complètement madame de Flamarande devant ses fils et aux yeux du monde. À présent, Charles, vous allez reprendre le legs de M. de Flamarande. Ni Gaston ni Roger ne consentiront jamais à vous en dépouiller.

— Ne me le rendez pas, monsieur le marquis, je le brûlerais !

— Eh bien, je vous le garde, et je chargerai les héritiers de vous le faire reprendre. Mais où allez-vous maintenant ? ajouta-t-il en remarquant mon insistance pour le quitter sans avoir pris un parti relatif à moi-même.

— Je ne sais pas, lui dis-je ; je vais marcher, respirer, réfléchir.

— Vous n’avez point à réfléchir, reprit-il. Vous avez un devoir immédiat à remplir : vous avez mis un doute dans l’esprit de Roger, il faut le lui ôter avant qu’il voie sa mère, il faut lui dire qu’effectivement j’ai eu le désir d’adopter Gaston par suite de l’affection que j’avais pour lui, mais que madame de Flamarande n’y a jamais consenti. Moi, j’irai l’avertir pour qu’elle ne contredise pas votre dernière assertion ; je vais lui écrire, je remettrai la lettre de grand matin à Charlotte, qui couche dans le donjon auprès d’elle ; vous, vous guetterez le réveil de Roger. Il n’est que trois heures, nous avons encore du temps devant nous.