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point par lequel la destinée s’empare de nous. Laissez-moi vous dire, dans le besoin que j’éprouve de réhabiliter autant que possible un homme aussi foncièrement honnête et délicat que vous l’êtes, laissez-moi vous dire que celui qui a violé mon domicile, ouvert mes meubles, lu mes lettres et dérobé jusque sur moi une prétendue preuve d’adultère, non, cet homme-là n’était ni un malfaiteur ni un espion, c’était un jaloux désespéré qui acceptait le rôle et usurpait le droit d’un époux vengeur.

Je fus encore une fois brisé par l’autorité froide de M. de Salcède. Touchait-il la vérité, je n’en sais encore rien moi-même. Je n’ai jamais voulu, je ne veux jamais le croire. Je niai avec assez d’obstination pour le convaincre au moins que je n’avais jamais caressé en moi la moindre chimère, et je vis qu’il faisait plus de cas de moi à mesure qu’il voyait ma sincérité.

— Allons, me dit-il, ne parlons plus jamais de ces choses ; qu’elles restent un secret absolu entre nous, de même que le reste. Je vous donne ma parole d’honneur que personne au monde ne se doutera de votre conduite envers moi et du motif que je lui attribue. Vous pouvez conserver intacte l’estime de madame de Flamarande et l’amitié de Roger. C’est à vous de les justifier, et je suis sûr qu’à présent vous ne serez plus tenté de troubler leur sécurité. Voyez, malgré ce que vous avez fait contre