— On m’a dit à moi que c’était quelqu’un que tu connais bien : M. Charles !
— Ah ! on ne me l’a jamais dit.
— Appelle-le, nous allons le questionner.
— Non, dit Espérance avec énergie, je ne veux pas !
— Pourquoi ?
— Je ne veux rien savoir de moi ; je vous l’ai dit, ma naissance est le secret de ma mère, je défends qu’on y touche !
— Mais si j’y veux toucher dans ton intérêt et dans le sien ?
— Vous n’avez pas ce droit-là, monsieur le comte.
— Comment ! quand même il s’agirait de te restituer un grand nom et une grande fortune ?
— Quand même il s’agirait de la vie !
— Quand même il s’agirait de Charlotte ?
— Même de cela ! Non, je ne veux pas ; ne me dites rien, ne parlons plus jamais de moi et laissez-moi me retirer.
— Non, écoute encore. S’il s’agissait de donner à ta mère la plus grande joie qu’elle ait éprouvée dans sa vie, remplie, à cause de toi, d’un chagrin affreux ?
— Ma mère n’a plus et n’aura plus jamais de chagrin à cause de moi.
— Tu te trompes, elle a du chagrin chaque fois qu’elle te quitte. Son bonheur serait de vivre au-