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Malgré la crainte que j’avais de laisser Roger avec Gaston au pavillon, il me fallait bien obéir à la comtesse, si je voulais être au courant de ses dernières résolutions. Madame de Montesparre s’était retirée dans son appartement. Hélène attendait dans le cabinet voisin que sa maîtresse l’appelât pour se mettre au lit.

— Couchez-vous, Hélène, lui dit la comtesse en allant vers elle. Je vais au Refuge, ne m’attendez pas, ma chère, reposez-vous ; ne soyez pas inquiète, Charles vient avec moi.

Puis elle prit une petite lanterne de poche dans une de ses caisses et me la remit en me disant de l’allumer. J’ignorais absolument quel chemin nous allions prendre. Elle ouvrit une grande armoire, fit glisser le panneau du fond et me montra un étroit escalier qui plongeait en biais dans l’épaisseur du mur. Je le descendais à reculons pour éclairer la comtesse.

— Vous tomberez, me dit-elle, ne marchez pas ainsi. Je connais ce passage. Allez tranquillement, je vous suis.

Au bout de quelques minutes, comme j’étais surpris d’entendre un bruit sourd sous nos pieds :

— Nous passons le torrent, me dit-elle, nous traversons l’arcade de rochers sous lesquels il s’engouffre. Personne autre que nous ne connaît ce passage, qui est un ouvrage ancien très-solide. C’est Ambroise qui l’a découvert et qui a rétabli