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jamais vue. Je lui demandai si M. de Salcède n’allait pas revenir lui rendre compte de son entretien avec Espérance.

— Non, répondit-elle ; il a décidé notre prompt départ et il nous a dit adieu, promettant que dans peu de jours il viendrait à Montesparre nous rendre compte de tout.

— Eh bien, madame, que craignez-vous ? Il ira certainement, il n’a plus de raison pour se cacher, et par lui vous serez toujours informée. L’important à cette heure, c’est d’éloigner Roger de Gaston.

— Le danger n’est pas si grand que vous croyez. Roger n’a pas de soupçons réels, et, s’il en avait, Gaston saurait bien être impénétrable.

Et, comme elle marchait avec vivacité en parlant, elle s’arrêta brusquement et me dit :

— Je veux voir Salcède, je veux le voir à présent, je ne partirai pas sans l’avoir vu ! Ma conscience de femme et de mère se révolte contre les promesses qu’on m’a arrachées hier au soir. Dieu me défend de les tenir !

— Vous voulez aller au Refuge, m’écriai-je, pendant que Gaston y est ?

— Il n’est que huit heures, Gaston n’y sera qu’à dix. Nous avons le temps, venez avec moi, Charles. Je veux savoir ce que M. de Salcède compte dire à mon fils, et lui dire, moi, tout ce que je pense de ses projets.