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— C’est singulier ! ces choses-là n’arrivent donc qu’à moi ?

Il partit après le déjeuner, et madame d’Ionis me donna rendez-vous, à une heure, dans la bibliothèque. J’y étais à midi ; mais elle me fit dire par Zéphyrine que d’importunes visites lui étaient survenues et qu’elle me priait de prendre patience. Cela était plus facile à demander qu’à obtenir. J’attendis ; les minutes me semblaient des siècles. Je me demandais comment j’avais pu vivre jusqu’à ce jour sans ce tête-à-tête que j’appelais déjà quotidien, et comment je vivrais quand il n’y aurait plus lieu de l’attendre. Je cherchais par quels moyens j’en amènerais la nécessité, et, résolu enfin à entraver, de tout mon faible pouvoir, la solution du procès, je m’ingéniais de mille subterfuges qui n’avaient pas le sens commun.

Tout en marchant avec agitation dans la galerie, je m’arrêtais de temps en temps devant la