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vous me feriez trop haïr un état pour lequel je sens bien que je n’ai pas l’insensibilité qu’il faudrait.

Je ne vous fatiguerai pas du fond du procès intenté par la famille d’Ionis à la famille d’Aillane. L’entretien que je viens de rapporter suffit à l’intelligence de mon récit. Il s’agissait d’un immeuble de cinq cent mille francs, c’est-à-dire de presque toute la fortune foncière de notre belle cliente. M. d’Ionis employait fort mal l’immense richesse qu’il possédait de son côté. Il était perdu de débauche, et les médecins ne lui donnaient pas deux ans à vivre. Il était très-possible qu’il laissât à sa veuve plus de dettes que de bien. Madame d’Ionis, renonçant au bénéfice de son procès, était donc menacée de retomber, du faîte de l’opulence, dans un état de médiocrité pour lequel elle n’avait pas été élevée. Mon père plaignait beaucoup la famille d’Aillane, qui était infiniment estimable et qui se composait