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déesse, ni permettre que l’artiste interprétât ses formes élégantes pour les placer sous les yeux d’un public profane. Mais ces draperies, dont la partie supérieure de la poitrine et les bras jusqu’à l’épaule étaient seuls dégagés, n’empêchaient pas d’apprécier l’ensemble de ce type étrange qui caractérise la statuaire de la renaissance, ces proportions élancées, cette rondeur dans la ténuité, cette finesse dans la force, enfin ce quelque chose de plus beau que nature qui étonne d’abord comme un rêve, et qui, peu à peu, s’empare de la plus enthousiaste région de l’esprit. On ne sait si ces beautés ont été conçues pour les sens, mais elles ne les troublent pas. Elles semblent nées directement de la Divinité dans quelque Éden, ou sur quelque mont Ida, dont elles n’ont pas voulu descendre pour se mêler à nos réalités. Telle est la fameuse Diane de Jean Goujon, grandiose, presque effrayante d’aspect, malgré l’extrême douceur de ses li-