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nutes, que je l’entendais recommencer et qu’elle sonnait trente-sept heures ; mais c’était une pure illusion, comme je m’en assurai en ouvrant ma fenêtre. Le plus profond silence régnait dans le château et dans la campagne. Le ciel était voilé tout à fait ; on n’apercevait plus aucune étoile ; l’air était lourd ; et je voyais des volées de phalènes et de noctuelles s’agiter dans le rayon de lumière que ma bougie projetait au dehors. Leur inquiétude était un signe d’orage. Comme j’ai toujours beaucoup aimé l’orage, je me plus à en respirer les approches. De courtes rafales m’apportaient le parfum des fleurs du jardin. Le rossignol chanta encore une fois et se tut pour chercher un abri. J’oubliai ma sotte émotion en jouissant du spectacle de la réalité.

Ma chambre donnait sur la cour d’honneur, qui était vaste et entourée de constructions magnifiques, dont les masses légères se décou-