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— Ou M. d’Ars, te souviendras-tu ?

— Je le connais, je l’ai vu une fois.

— Alors, marchons ! Ah ! monsieur Mario, si je pouvais mettre la main sur votre cheval ! vous iriez plus vite et sans vous tuer à courir.

— Je sais courir ! dit Mario ; ne songe pas au cheval, c’est impossible.

— Une minute encore, reprit Aristandre, et faites attention. Le pont est levé ; vous saurez bien faire tomber le tablier ? Ça ne pèse rien !

— C’est très-facile !

— Mais la sarrasine est baissée ! Ne vous inquiétez pourtant pas, je vais monter dans la salle de manœuvre. S’il y a du monde, tant pis pour eux, je cogne, je tue, je lève un pieu ! Ne vous amusez pas à m’attendre. Passez, filez, volez ! Si le pieu retombe sur la petite, tant pis pour elle ; vous n’y pouvez rien, ni moi non plus. À la garde de Dieu ! Filez toujours, je vous rattraperai.

— Mais, si tu es…

Mario s’arrêta, le cœur serré.

— Si je suis escofié, vous voulez dire ? Eh bien, vous auriez beau vous en chagriner, il n’en sera ni plus ni moins. En me plaignant, vous perdrez la tête et les jambes ! Vous ne devez songer qu’à courir.

— Non, mon ami, c’est trop de risques pour toi ; restons cachés ici.

— Et, pendant que nous nous cacherons, si l’on brûle madame Lauriane, votre Mercédès, Adamas… et mes pauvres chevaux de carrosse qui sont là-dedans ! D’ailleurs… Tenez, j’y vais tout seul. Quand ça sera ouvert, vous passerez.

— Allons ! allons ! dit Mario. Tout pour Lauriane et Mercédès !