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faut sortir d’ici, essayons ! Laissez-moi faire ! Mais avec qui diantre êtes-vous là ?

— Avec quelqu’un qu’il faut sauver aussi, une petite fille malheureuse.

— Du bourg ? Ah ! ma foi, ça m’est égal, on la sauvera si l’on peut. Vous d’abord ! Je vais voir ce qui se passe dans la basse-cour ; restez là et parlez tout bas.

Aristandre revint au bout de peu d’instants. Il était soucieux.

— S’en aller n’est pas facile, dit-il à voix basse aux enfants. Ah ! ces gens du bourg ! faut-il qu’ils soient maladroits pour avoir laissé prendre la ferme ! Et, à présent que les coquins y font leur soûlerie, si, du château, on faisait une sortie, on les tuerait comme des porcs jusqu’au dernier ! On croit avoir affaire à des démons, et, moi, je dis que c’est des gens déguisés, de la vraie canaille ! Écoutez-les crier et chanter !

— Eh bien, profitons de leur débauche, dit Mario ; traversons ce bout de cour, où il n’y a peut-être personne, et vitement gagnons la tour de l’huis.

— Oh ! dame ! oui, bien sûr ! Mais ils se sont renfermés, les gueux ! Ils savent bien que M. le marquis peut venir dans la nuit, et il faudra qu’il mette le siége devant sa porte !

— Oui, s’écria Mario, c’est pour cela que j’ai vu Sanche aller de ce côté-là, avec La Flèche !

— Sanche ? La Flèche ? vous le savez reconnus ? Ah ! j’ai envie d’aller tout seul tomber dessus ces fameux chefs !

— Non ! non ! dit Pilar ; ils sont plus forts et plus méchants que vous ne croyez !

— Mais, s’ils n’ont fait que fermer l’huis, nous pouvons bien le rouvrir, dit Mario, qui réfléchissait plus vite que le carrosseux. Et, s’ils y ont laissé des gardiens…