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la basse-cour, parce qu’elle était toujours située plus bas que le préau.

À notre gauche, s’étend le mur élevé du jardin, percé, de distance en distance, d’étroites meurtrières, où l’on pouvait encore, en cas de surprise, se réfugier et harceler l’ennemi, maître de la basse-cour.

Un chemin pavé conduisait tout droit, le long de ce mur, à la seconde enceinte, celle où le second fossé, alimenté par la petite rivière, allait rejoindre l’étang situé au fond du préau.

Sur ce fossé, bordé de sa contrescarpe gazonnée, était jeté le pont dormant, c’est-à-dire un pont de pierre fort ancien, comme l’indiquait son inclinaison en coude par rapport à la tour d’entrée.

C’était une coutume, au moyen âge, que certains antiquaires expliquent en disant que les archers assiégeants, en levant le bras pour tirer, découvraient leur flanc aux archers assiégés. D’autres nous disent que ce coude rompait forcément l’élan d’un assaut. Peu importe.

La tour de l’huisset fermait ce pont dormant et le préau. Elle avait une petite herse de fer et de bonnes portes de plein chêne garnies d’énormes têtes de clous.

C’était, avec le fossé, la seule défense du manoir proprement dit.

En se donnant la satisfaction d’abattre le vieux donjon de ses pères et de le remplacer par ce pavillon qu’on appelait la grand’maison, le marquis s’était dit avec raison que, bastille ou villa, sa gentilhommière ne tiendrait pas une heure contre le moindre canon. Mais, contre les petits moyens d’attaque dont pouvaient disposer des bandits ou des voisins hostiles, le bon fossé rapide et profond, les petits fauconneaux dressés de chaque côté