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avoir affaire à l’espèce la plus méfiante et la plus rusée des vagabonds et des bandits, et l’on se concerta pour s’emparer de leur secret sans leur donner l’éveil.

On complot donc de se séparer à l’instant même ; car il était fort possible que ces gens se fussent aperçus de la visite du marquis à Brilbault, et qu’ils eussent, derrière les buissons des chemins, quelques espions en embuscade.

Guillaume rentrerait chez lui, prendrait bon nombre de ses serviteurs et feindrait de partir pour Bourges.

M. Robin se tiendrait au Coudray avec son monde, jusqu’à l’heure convenue.

Bois-Doré irait s’embusquer du côté de Thevet, Jovelin, du côté de Lourouer.




XLVIII


À la tombée de la nuit, les valets et vassaux dirigés par ces quatre chefs, formeraient dans la campagne un cercle qui se rétrécirait brusquement comme celui d’une battue aux loups, chacun calculant le temps qu’il lui fallait, en raison de son point de départ, pour arriver à point au moment de cerner de près la masure.

Ce moment fut fixé à dix heures du soir. Jusque-là, on marcherait en silence et en évitant le plus possible de se montrer : on laisserait passer quiconque se dirigerait sur Brilbault ; mais, à partir de dix heures, on arrêterait quiconque essayerait d’en sortir.

Défense fut faite de tuer ou blesser personne, à moins d’être attaqué sérieusement, le but principal étant de faire des prisonniers et d’obtenir des révélations.