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toutes choses de notre mieux. Dans la maison, il n’y avait rien d’extraordinaire. On avait pu y entrer dès que nous eûmes le dos tourné : nous avions laissé la porte et le tiroir ouverts, et l’argent en vue ; il y avait là bien de notre faute, hélas !

— Donc, observa le marquis, le défunt ne s’en est pas allé tout seul, et il a eu, non-seulement quelques amis pour enlever sa dépouille, mais encore d’autres pour repêcher son argent et ses bijoux.

— Je suppose, monsieur, qu’il y en eut seulement deux pour la première besogne, et un pour la dernière, lequel même n’était pas bien d’accord avec les autres ; car nous vîmes, sur le terreau de nos plates-bandes, deux paires de pieds qui s’en allaient vers notre échalier donnant du coté de Briantes, lesquels pieds paraissaient être chaussés de bottes ou de patins, tandis que, sur le sable de notre petite cour, il y avait comme des marques de pieds nus, des pieds d’enfant tout petits qui s’en allaient du côté de la ville. Mais, comme il y avait déjà de l’eau dans les sentiers, nous ne pûmes rien voir hors de notre enclos.

Bois-Doré fit en lui-même le raisonnement suivant :

— Sanche, qui s’était échappé, nous aura suivis et observés. Puis il aura été trouver M. Poulain, qui aura envoyé quelqu’un ou sera venu lui-même avec Sanche, chercher le corps de d’Alvimar pour lui donner la sépulture. La délation vient de là. Le recteur n’aura pas osé, pour des raisons que j’ignore, produire ce cadavre aux regards de ses paroissiens et me dénoncer publiquement. Il aura peut-être voulu donner à Sanche le temps de fuir. Quant à l’argent, quelque petit malandrin aura surpris les allées et venues, écouté aux portes et profité de la circonstance : ceci m’importe assez peu.