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caché le corps. Mais qui fut étonné, monsieur ? Il n’y avait rien dessous ; on nous avait volé notre mort !

» Nous voilà de chercher, de tout retourner : rien, monsieur, rien ! Nous pensions être fous et avoir rêvé tout ce qui était arrivé cette nuit-là, et vitement je courus pour voir si l’argent n’était point une vision.

» Eh bien, monsieur, si vous n’étiez là pour nous questionner, nous pourrions croire que le diable nous avait joué une pièce de comédie ; car le tiroir où j’avais mis la bourse et les bijoux était ouvert, et le tout s’était envolé de la maison, du temps que nous étions dans le jardin, comme le mort s’était envolé du jardin, du temps que nous étions dans la maison. »

En achevant ce récit, la Caille-Bottée se lamenta sur la perte de l’argent, et le frère oblat, qui ne demandait qu’une occasion de pleurer, versa des larmes trop sincères pour que le marquis pût révoquer en doute le double et étrange vol commis chez eux, d’une bourse pleine et d’un mort trépassé ; ainsi disait d’un ton dolent la jardinière.




XLVII


Pendant ce duo de lamentations, le marquis réfléchissait.

— Dites-moi, mes amis, reprit-il, ne vîtes-vous point, dans votre jardin, des empreintes de pas, et, dans votre maison, des traces d’effraction ?

— Nous n’y fîmes point d’attention tout de suite, répondit la Caille-Bottée ; nous étions trop troublés ; mais, quand le jour fut venu, nous observâmes