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Était-ce une porte, un volet poussé par le vent ?

Il n’y avait pas trois minutes qu’il attendait, lorsque la même plainte, plus marquée encore, se répéta, et, en même temps, il lui sembla qu’un faible rayon de lumière, partant de bien loin au-dessous de ses pieds, illuminait ce fond d’édifice, qui, par rapport à lui, était bien littéralement un abîme.

Il s’agenouilla pour ne pas être vu, et regarda à travers les planches qui lui servaient de balustrade.

La clarté augmenta rapidement et bientôt devint assez vive pour lui permettre de voir, ou plutôt de deviner, dans un vague heurté d’ombre et de lumière, le fond d’une salle de rez-de-chaussée aussi grande que celle où il était, mais qui, avant l’écroulement des étages intermédiaires, avait dû être beaucoup plus élevée, ainsi qu’il en pouvait juger par la naissance des nervures de la voûte qui portaient sur des consoles chargées d’animaux et de personnages fantastiques, plus grands et plus saillants que ceux déjà vus dans l’escalier.

Pour tout ameublement, on distinguait quelques tas de fourrages secs, et des ais placés en barrière, vers le fond, avec des restes des crèches. Ce rez-de-chaussée avait longtemps servi d’étable à bœufs. Au milieu de ces ais, on apercevait des débris de jougs et de socs. Puis tout cela rentra dans l’ombre, et la clarté, en montant, vint frapper la grand pan de mur qui formait tout le pignon de l’édifice, et que le marquis voyait en face de lui sur une étendue d’une quarantaine de pieds.

Cette lumière, tantôt rougeâtre, tantôt blafarde, partait d’un foyer non visible, placé sous la voûte du rez-de-chaussée, c’est-à-dire dans la partie non écroulée, correspondant à celle d’où le marquis observait ce tableau sombre et flottant.