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— Ne seraient-ce point vos valets de ferme pour s’amuser, ou quelque pillard pour vous empêcher de surprendre ses larcins ?

— Non, monsieur, non ! Nos valets et servantes ont si grand’peur, que, pour tout l’argent que vous avez, vous ne les feriez point approcher du château de deux portées d’arquebuse après soleil couché ; et mêmement vous voyez qu’ils ne couchent plus dans notre logis, parce qu’ils disent qu’il est encore trop près de cette maudite bâtisse. Ils dorment tous dans la grange, là-bas, au fond de la cour.

— Tant mieux pour le petit secret que nous avons ce soir ensemble, dit le marquis ; mais tant mieux aussi peut-être pour ceux qui font les revenants à seules fins de vous larronner !

— Et que pourraient-ils larronner, monsieur Sylvain ? Il n’y a rien dans le château. Quand j’ai vu que le diable y promenait des feux, j’ai eu crainte de l’incendie, et j’ai retiré toute ma récolte, sauf quelques méchants fagots et une dizaine de bottes de foin et paille, pour ne les point trop choquer, car on dit que les follets aiment bien batifoler dans les bois et le fourrage ; et, de vrai, j’y trouvais bien du dérangement et de la foulaison : c’était comme si une cinquantaine de personnes vivantes y avaient passé.

Le marquis savait Faraudet très-véridique et incapable d’inventer quoi que ce fût pour se dispenser de lui rendre service.

Il commença donc à penser que, si des lumières se montraient dans le vieux manoir, si des voix se faisaient entendre, et si, surtout, des pas ou des corps foulaient et dérangeaient le fourrage, il y avait plus de réalité que de diablerie dans ces faits, et que le château, où le métayer