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— Parlez ! cria Lenet au muet, qui lui fit signe que cela lui était impossible. Écrivez, au moins !

Lucilio s’assit et écrivit :

« Je n’ai de comptes à rendre ici qu’au marquis de Bois-Doré ; je ne vous connais pas. Sortez de cette chambre ; je n’écrirai pas devant vous. »

— Si, mordieu ! s’écria la conseiller hors de lui. Je veux tout savoir, et vous répondrez !

— Pardonnez-lui, monsieur, dit Adamas ; il est, comme les grands savants, très-étrange et fantasque. Si vous voulez qu’il révèle ses secrets, parlez-lui doucement.

— Il veut de l’argent ? dit le conseiller ; il en aura : qu’il parle !

Lucilio secoua la tête en signe de refus.

Le conseiller semblait être sur des charbons allumés.

— Voyons, dit-il après un instant de silence agité, je saurai bien si vous êtes un savant ou un fou ! Voyez ma main, et dites-moi quelque chose.

Lucilio regarda la main du conseiller, se leva et, montrant son grimoire à Adamas, il lui fit signe de parler à sa place.

— Oui ! je le vois bien, dit Adamas. Ces signes disent qu’il y a un homme, un prince… qui veut mettre sur sa tête la couronne de France ; mais où est l’homme qui a ce signe dans la main ? Je ne le connais point.

Lucilio montra la main du conseiller.

— Qui suis-je donc ? dit celui-ci très-surpris.

Lucilio écrivit trois mots que le conseiller lut seul avec émotion. Sa figure changea et son ton s’adoucit.

— Et le roi est mort ? dit-il en tremblant de tous ses membres, comme de terreur ou de joie. Vous voyez qu’il faut me répondre, à présent ?

Lucilio écrivit :