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s’élançant encore vers la porte, comme pour sortir sans dire adieu à personne.

Mais il s’arrêta, saisi de méfiance.

— D’où tenez-vous cette nouvelle ? dit-il en examinant Adamas avec des yeux ardents.

— Je la tiens des arrêts de la destinée… Je la tiens du ciel même, dit Adamas d’un air inspiré.

— Que veut dire cet homme ? reprit M. Lenet. Qu’il s’explique, monsieur de Bois-Doré ; je le veux, entendez-vous ? et, si c’est une fausse nouvelle qu’il me donne, malheur à lui comme à vous !

— Vraie ou fausse, monsieur, répondit le marquis attentif à l’émotion de son hôte, la nouvelle me surprend et me trouble autant que vous-même. Explique-toi, Adamas ; d’où sais-tu que le roi est mort ?

— Je le sais par l’astrologue, monsieur ! Il m’a montré les chiffres, et je les connais. J’ai vu, j’ai compris, j’ai lu clairement que le personnage le plus puissant de l’État venait de mourir.

— Le personnage le plus puissant de l’État !… dit le conseiller pensif : ce n’est peut-être pas le roi !

— Vous avez raison, monsieur, fit Adamas d’un air ingénu ; c’est peut-être M. le connétable. Je ne connais pas assez les signes… J’ai pu me tromper ;… mais, enfin, c’est le roi ou M. de Luynes : j’en réponds sur ma vie !

— Où est cet astrologue ? dit vivement le conseiller ; qu’il vienne ici, je veux le voir !

— Oui, sire ! répondit Adamas, encore troublé et affairé, en courant vers la porte.

— Attendez, dit Lenet en l’arrêtant. Je veux savoir pourquoi vous m’appelez ainsi. Dites-le, ou je vous casse la tête !