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Et, dès que celui-ci eut obéi, il ajouta :

— Donnes-moi les clefs, et restez en cette chambre.

Adamas paraissait bouleversé. Il fouilla dans la poche de son justaucorps, et, en proie à une préoccupation surprenante, il répondit au conseiller :

Oui, sire.

À ce mot, le conseiller, saisi comme d’un vertige et quittant son air badin, bondit par la chambre et poussa vivement la porte qui était restée ouverte entre lui et ses gens.

— À qui croyez-vous parler ? s’écria-t-il, et pourquoi m’appelez-vous ainsi ?

Adamas resta comme étourdi, et son trouble était bizarre au dernier point.

Le marquis avait vu trop souvent le roi dans son enfance et les portraits qu’on en avait faits depuis, pour croire un seul instant que le personnage qui était devant lui fût le jeune Louis XIII. Il pensa que son pauvre Adamas était en proie à un accès de folie.

— Répondez donc ! reprit le conseiller avec impatience. Pourquoi me traitez-vous de Majesté ?

— Je ne sais pas, monsieur, répondit le rusé Adamas. Je ne sais ce que je dis, ni où je suis. J’ai la tête à l’envers, d’une étonnante nouvelle que je viens d’apprendre, et que je vous demande la permission de dire à mon maître.

— Dites ! parlez ! allons ! s’écria le conseiller d’un ton d’autorité extraordinaire.

— Eh bien, mon maître, dit Adamas en s’adressant au marquis, sans paraître remarquer l’agitation du conseiller, apprenez que le roi est mort !

— Le roi est mort ? s’écria de nouveau M. Lenet en