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— Monsieur Lenet, répondit Bois-Doré obéissant à une soudaine inspiration, l’homme dont vous parlez n’est point un hérétique, c’est un astrologue de la plus haute science. Il n’a recours à aucune magie et lit dans les constellations les destinées humaines avec une si grande habileté que les événements de la vie semblent se soumettre à des décisions écrites dans les cieux. Il n’y a rien dans ses opérations qui ne soit d’un honnête homme et d’un bon chrétien, et vous savez aussi bien que moi que M. le Prince, qui est le plus orthodoxe catholique du royaume, consulta assidûment les astrologues, ainsi que l’ont fait, de tout temps, les personnages les plus illustres, voire les têtes couronnées.

— Je ne sais où vous prenez ce que vous dites, monsieur, répondit la conseiller en levant les épaules ; j’ai vécu et je vis dans l’intimité du prince, et ne l’ai jamais vu s’adonner à ces pratiques.

— Et pourtant, monsieur, reprit le marquis avec assurance, j’ai la certitude qu’il ne blâmerait en rien celles de mon ami, et je vous prie de lui dire que, s’il veut éprouver son savoir, il en sera fort satisfait.

— Le prince rira de votre confiance ; mais je ne refuse point de lui en parler. Songeons au plus pressé, qui est de vous tirer d’affaire. Je ne vous cache point qu’il m’est commandé de faire une perquisition en votre logis.

— Une perquisition ? dit le marquis stupéfait ; et à quelles fins, monsieur, une perquisition ?

— À seules fins de vérifier précisément si vous n’avez point chez vous des livres et instruments de cabale ; car vous êtes accusé de pratiquer la magie, non point tant par l’amusement du calcul des nombres et de l’observation