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C’est lorsqu’il entendit le récit des prédictions de La Flèche à la Motte-Seuilly.

Bois-Doré, ayant à produire le cachet de son frère comme une dernière preuve de son identité avec la victime de d’Alvimar, crut devoir mentionner cette circonstance ; mais, avant qu’il eût eu le temps d’expliquer précisément le peu de sorcellerie de maître La Flèche, il fut interrompu par le conseiller.

— Attendez, dit celui-ci, je me souviens d’une accusation dont j’oubliais de vous parler. On vous soupçonne d’être adonné à la magie, monsieur de Bois-Doré ! Et, sur ce chef, je vous absous d’avance, car je ne crois pas à l’art des devins et n’y vois qu’un amusement d’esprit. Voulez-vous bien me dire si le hasard fit que ces bohémiens vous prédirent quelque chose de vrai ?

— Leur prédiction fut de tous points réalisée, monsieur Lenet ! Ils m’annoncèrent qu’avant trois jours je serais père et vengé. Ils annoncèrent à l’assassin de mon frère qu’avant trois jours il serait puni, et ces choses arrivèrent comme ils l’avaient dit ; mais…

— Et dites-moi où sont ces bohémiens ?

— Je l’ignore. Je ne les ai point revus. Mais il me reste à vous dire…

— Non. C’est assez, dit M. Lenet sans se départir de son ton doucereux et de son air riant ; la cause est entendue. Je vous crois innocent ; mais vous fûtes mal avisé de cacher le fait. Les soupçons ne seront point aisés à effacer ; on se demandera, comme moi, pourquoi, au lieu de publier le châtiment de l’assassin de votre frère comme une chose qui vous faisait honneur, vous l’avez celé comme vous eussiez fait d’un guet-apens. Je ne pourrai point faire entendre à M. le Prince…

Ici, Bois-Doré fut tenté d’interrompre le conseiller