Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous étiez à La Rochelle ?

— Non, monseigneur.

— Pourquoi ?

— Je ne me bats pas volontiers contre les réformés.

— Vous en êtes ?

— Non, monseigneur.

— Mais vous les approuvez ?

— Je les plains.

— Si vous avez quelque chose à me demander, faites vite, le temps est précieux.

— Donnez-nous souvent des journées comme celle-ci, voilà tout ce que je demande ! répondit Mario, qui, dans son empressement à ne pas faire perdre de temps au cardinal, s’éloigna sans s’apercevoir que Son Éminence voulait encore lui parler.

Mais d’autres soins réclamaient le grand ministre. Il se porta ailleurs et oublia Mario.

Le lendemain, comme, on s’installait à Suse, Mario crut voir passer M. Poulain, habillé en campagnard. Il l’appela et ne reçut pas de réponse.

M. Poulain se tenait caché, suivant sa coutume. Ayant pour emploi les missions secrètes, l’ex-recteur montrait sa figure le moins possible dans certaines localités, et ne s’y présentait jamais ostensiblement devant les personnages importants qui l’employaient.

Pendant que le roi, c’est-à-dire le cardinal, recevait à Suse les soumissions du duc de Savoie, ce qui prit nécessairement plusieurs jours, le marquis se reposait de ses émotions.

Bien que les campagnes de Richelieu ne ressemblassent en rien aux guerres de partisans de sa jeunesse, Bois-Doré avait été là pour son compte aussi tranquillement que s’il n’eût jamais quitté les champs de bataille ;