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À la veillée du 4 mars, Mario fut donc sommé de raconter les aventures de la grosse Bellinde et de la petite Pilar. Il le fit avec une clarté et une simplicité qui attirèrent sur lui l’attention de tous ceux qui se trouvaient là. Sa modestie l’avait empêché jusqu’alors de se faire remarquer : son intéressante histoire et la manière à la fois touchante, naturelle et enjouée dont il la résuma, firent oublier à ses compagnons charmés le jeu et l’heure avancée.

Il pouvait, certes, raconter toute sa vie ; mais un indéfinissable sentiment de réserve craintive lui fit taire jusqu’au nom de Lauriane.




LXXI


Il était plus de minuit quand on se sépara. Chaque groupe regagna le gîte plus ou moins détestable dont il s’était assuré, et Mario, suivi de Clindor, se trouvait seul à la porte du sien, lorsqu’une ombre indécise, pelotonnée sur le seuil, se leva et vint à lui.

C’était Pilar.

— Mario, lui dit-elle, n’aie pas peur de moi. Je ne t’ai jamais fait de mal, et je n’ai pas de raisons d’en vouloir à ton vieux père. Je n’épouse pas la haine de la Bellinde contre vous.

— Bellinde hait donc toujours mon père ? dit Mario. Elle a donc oublié qu’il l’a empêchée d’être pendue comme le capitaine Macabre ?

— Oui, Bellinde avait oublié cela, ou peut-être ne