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Mais ce prétendant ne se rencontra pas. Tous ceux que madame de la Trémouille lui présenta lui déplurent.

Elle trouvait en eux le positivisme qui avait envahi son père comme une passion, mais elle l’y trouvait à l’état de calcul froid et un peu cynique. Les beaux jours de la Réforme s’en allaient, dissous comme l’ancienne société du siècle précédent. La Réforme n’était héroïque que dans les grandes persécutions, et Richelieu, écrasant, par la fatale nécessité des choses, les restes du parti, n’avait rien d’un persécuteur. La France criait aux protestants par sa bouche : Tenez-vous-en à la liberté religieuse, sortez de la politique. Tournez-vous avec nous contre l’ennemi du dehors ! Les protestants avaient voulu être une république, et ils étaient une Vendée.

Sauf les puritains de France (le groupe terrible, héroïque, indomptable, qui se rencontra et s’immola dans la Rochelle deux ans plus tard), les protestante français étaient alors disposés à se rallier au principe de l’unité française ; mais plusieurs étaient résolus à ne se rallier qu’après une victoire qui ferait de bonnes et durables conditions à leur parti.

Or, parmi ceux qui raisonnaient bien, mais qui allaient être entraînés à raisonner mal et à choisir entre l’alliance étrangère et l’écrasement final, la noblesse était généralement moins pure d’intentions que le peuple et la bourgeoisie. Elle faisait ses réserves personnelles : les plus haut placés voulaient se faire acheter, et traduisaient leurs besoins de liberté religieuse en besoins de places et d’argent.

Au milieu de ces nombreuses défections qui se déclaraient tous les jours, ou qui se tenaient dans une honteuse expectative, Lauriane se sentit indignée. Elle s’était fait de l’honneur du parti une idée plus chevaleresque.