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de mort, il me semblerait lui désobéir en ne restant pas dans l’Église où il m’a mis. Lauriane m’a donné l’exemple, je le suivrai ; nous resterons comme nous voilà, et ce sera bien. Ça ne m’empêchera pas de l’aimer, et, si elle ne m’aime plus, alors elle aura tort et sera mauvaise.

— Que dites-vous de cela, ma fille ? dit de Beuvre à Lauriane ; ne vous semble-t-il pas que voilà un petit mari qui, vous voyant brûler, dirait : « J’en suis peiné ; mais je n’y peux rien, puisque c’est la volonté du pape ? »

Lauriane et Mario discutèrent en enfants qu’ils étaient, c’est-à-dire qu’ils se fâchèrent tout rouge. Lauriane bouda, Mario n’en démordit pas et finit par s’écrier avec feu :

— Tu dis, Lauriane, que tu te ravalerais si tu changeais. Tu me mépriserais donc si je changeais aussi ?

Lauriane sentit la justesse de cette réplique et ne dit plus rien ; mais elle était piquée comme une petite femme avec qui son amant fait des réserves, et son regard disait à Mario : « Je croyais être plus aimée que je ne le suis. »

Quand elle revint à cheval avec son père, celui-ci ne manqua pas de lui dire :

— Eh bien, à présent, ma fille, ne voyez-vous pas que Mario, ce charmant enfant, est un papiste de la bonne roche, comme feu monsieur son père, qui servait l’Espagne contre nous ? Et quelque jour, honteux de la nullité de son vieux oncle, il nous fera bel et bien la guerre ! Que direz-vous alors de voir votre mari dans un camp et votre père dans l’autre, s’envoyant des balles ou s’allongeant des horions ?

— Vraiment, mon père, dit Lauriane, vous me parlez