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Ces dures paroles achevèrent de désoler Mario ; elles fâchèrent sérieusement le marquis.

— Mon voisin, dit-il à de Beuvre, je vous trouve en veine de duretés superflues. Le fouet n’entre pas dans ma méthode avec un enfant qui a marqué le cœur d’un vaillant homme. Je n’ignore point qu’il ne se doit marier que dans plusieurs années ; mais je croyais me rappeler que notre Lauriane ne se voulait point marier elle-même avant sept ans, à partir du jour où, en cette même chambre, l’an passé, elle me donna un gage…

— Ah ! ne parlons plus de cet affreux gage ! s’écria Lauriane.

— Parlons-en, au contraire, avec grâces rendues à Dieu, répliqua le marquis, puisque ce poignard me fit retrouver l’enfant de mon frère. C’est donc par vos mains bénies, ma chère Lauriane, que ce bonheur est entré dans ma maison ; et, si j’ai été fol d’espérer que vous y entreriez aussi, pardonnez-le moi. Plus on est content, plus on est gourmand de félicité. Quant à vous, ami de Beuvre, vous ne nierez pas les encouragements donnés par vous à mon idée. Vos lettres en font foi ; vous y avez dit : « Si Lauriane veut patienter à ne se point affoler de mariage avant que Mario ait dix-neuf ou vingt ans, je vous jure que j’en serai bien aise. »

— Je ne le nie point ! répliqua de Beuvre ; mais je serais un sot de ne pas voir la question du mariage de ma fille sous ses deux faces : l’avenir et le présent. Or, l’avenir est le moins sûr ; qui me répond que nous serons de ce monde dans six ans d’ici ? Et puis, quand je vous parlais comme vous dites, mon voisin, ma position n’était pas bien bonne, et je vous dis, sans détours maintenant, qu’elle est meilleure que vous ne pensez.

» Par ainsi, monsieur d’Ars, écoutez-moi, et vous