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rabattre depuis qu’il était là. D’abord, de Beuvre, qui s’était plaint de l’embonpoint dans l’inaction, et que l’on s’attendait à voir reparaître maigre et fatigué, arrivait plus rouge et plus gras qu’auparavant. Son esprit semblait s’être épaissi à l’avenant. Sa gaieté brusque était devenue un peu brutale. Il se posait en marin, fumait du tabac, jurait plus que de raison, oubliait d’envelopper son scepticisme dans les ingénieux aphorismes de Montaigne, et, par moments, prenait des airs de satisfaction mystérieuse et narquoise qui n’avaient rien d’obligeant pour ses amis.

Le mot de cette dernière énigme fut lâché par lui le lendemain de son retour à la Motte, dans une conférence que nous devons rapporter.




LXV


On avait chassé, puis soupé, et l’on veillait autour de l’âtre du grand salon, quand Guillaume d’Ars, qui, depuis la nouvelle de la paix, s’était montré très-assidu auprès de Lauriane, demanda avec un peu d’émotion enjouée à prononcer un discours.

On quitta les jeux et les causeries, et Guillaume, après avoir demandé à Lauriane un encouragement particulier, qu’elle lui accorda sans deviner de quoi il s’agissait, parla ainsi :

— Mesdames (Mercédès était présente), messieurs, amis, parents et voisins, tous honorés, respectés et chéris, je vous prie d’écouter une histoire qui est la mienne.