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singulier combat et d’une façon suspecte, un certain… Comment appelez-vous ce mort ?

— Sciarra d’Alvimar.

— Ah ! oui, je le sais ! Je me suis enquis : c’était un homme de rien et qui lui-même se battait peu loyalement. Ces gentillâtres ont dû se trouver à deux de jeu : que vous importe, après tout ?

— J’aime mon devoir, répondit le recteur, et mon devoir me commandait de ne pas laisser un crime impuni. M. Sciarra était un bon catholique, M. de Bois-Doré est un huguenot.

— N’a-t-il point abjuré ?

— Où et quand, monseigneur ?

— Je ne m’en soucie pas. Il est vieux, il est garçon. Il mourra bientôt de sa belle mort. Morte la bête, mort le venin ! Je ne vois point qu’il y ait tant à s’occuper de lui.

— Alors Votre Altesse refuse de faire poursuivre cette affaire ?

— Poursuivez-la vous-même, monsieur l’abbé. Je ne vous en empêche. Adressez-vous à qui de droit. Ceci est du ressort de la magistrature ; je ne m’occupe pas des délits des petits : je n’en finirais point.

M. Poulain se leva, salua profondément et gagna la porte.

Il était humilié et offensé.

— Hé ! attendez, monsieur l’abbé, lui dit le prince, qui voulait le pénétrer sans en avoir l’air ; si je ne m’intéresse point à votre M. d’Alvimar, si fait bien m’intéressé-je à vous qui tournez fort bien vos lettres, donnez de fort bons renseignements et me paraissez homme d’esprit et de vertu. Voyons, parlez-moi franchement. Peut-être vous puis-je servir en quelque chose. Dites