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— Vraiment je n’en sais rien, Mario, et ne le crois guère. Je suis plus vieille que toi de deux ou trois ans, et, quand tu seras un jeune homme, je serai quasiment une vieille demoiselle.

— Et cependant, Lauriane, Adamas m’a dit que tu avais déjà été mariée à ton cousin Hélyon, qui avait trois ou quatre ans de plus que toi. Est-ce qu’il te reprochait d’être trop jeune pour lui ?

— Mais oui, quelquefois, avant notre mariage, quand nous nous querellions en jouant.

— Eh bien, moi, je trouve qu’il avait tort ; je trouve que tu n’es ni jeune ni vieille, et je te trouverai toujours bien, parce que je t’aimerai toujours comme je t’aime à présent.

— Tu n’en sais rien, Mario ; on dit qu’on change de cœur en changeant d’âge.

— Cela n’est point vrai pour moi. Je trouve toujours ma Mercédès jeune et aimable, et, depuis que je suis au monde, je me plais toujours avec elle. Tiens, mon père est vieux, à ce qu’on dit ; moi, je m’amuse plus avec lui qu’avec Clindor, et je ne trouve point d’âge non plus entre maître Lucilio et nous. Est-ce que tu t’ennuies de moi, parce que je suis le plus jeune de nous deux ?

— Non pas, Mario ; tu es bien plus raisonnable et plus gentil que les autres enfants de ton âge, et tu es déjà plus savant que moi, dans les leçons que nous prenons ensemble.

— Dis-moi, Lauriane, est-ce que tu me trouves plus gentil que ton autre mari ?

— Je ne dois pas dire cela, Mario. Il était mon mari, et tu ne l’es pas.

— C’est donc que tu l’aimais, parce qu’il était ton mari ?