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On était maître de l’incendie des bâtiments de la ferme. Le dommage était grand, sans doute ; mais le marquis n’y songeait guère : il essuyait la sueur et la poudre qui voilaient ses regards, et cherchait avec émotion autour de lui tous les objets de son affection : Mario, d’abord, qui n’était pas là pour le féliciter, ce qui lui fit craindre que la Morisque ne fût plus mal ; puis Lauriane, qui accourut pour le tranquilliser un peu sur l’état de Mercédès ; puis Adamas, qui lui embrassait les pieds avec transport ; puis Jovelin et Aristandre, qui ne paraissaient point encore, et son bon fermier, dont on lui cachait la perte ; enfin, tous ses fidèles serviteurs et vassaux, dont le nombre avait diminué dans cette fatale nuit.

Mais, tout en les demandant, il s’interrompait pour redemander Mario avec une subite anxiété.

Deux ou trois fois, durant son combat acharné avec les reîtres, il lui avait semblé voir dans le crépuscule la figure de son enfant passer autour de lui comme une vision flottante.

— Ah ! enfin, Aristandre ! s’écria-t-il en voyant tout à coup le carrosseux à cheval près de lui ; as-tu vu mon fils, toi ? Parle donc vite !

Aristandre bégaya quelques mots inintelligibles. Sa grosse figure était altérée par la fatigue et déconfite par un embarras inexplicable.

Le marquis devint pâle comme la mort.

Adamas, qui le contemplait avec ivresse, s’aperçut bien vite de son angoisse.

— Eh non ! eh non ! monsieur, dit-il en recevant dans ses bras Mario, qui s’élançait de la croupe de Squilindre, où il s’était tenu caché derrière le large buste du carrosseux. Le voici sain et frais comme une rose du Lignon !