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alarmants, et, comme il atteignait le sommet du ravin, il vit revenir à lui une troupe en désordre, composée de vassaux d’Ars et de Briantes.

— Halte, mes amis ! leur cria-t-il. Que se passe-t-il donc, et d’où vient que de braves gens comme vous semblent tourner les talons ?

— Ah ! c’est vous, monsieur le marquis ! répondit un de ces hommes effarés. Il faut rentrer chez vous, et nous battre derrière les murailles ; car voici les reîtres. M. d’Ars, averti de leur approche par M. Mario, s’est porté à leur rencontre, et il est aux prises avec eux. Mais que voulez-vous faire contre ces gens-là ? On dit qu’un reître est plus fort et plus méchant que dix chrétiens, et, d’ailleurs, ils ont du canon ; ils s’en seraient déjà servis contre nous s’ils n’avaient pas craint de tirer sur les leurs, dans le pêle-mêle où les a mis M. d’Ars.

— M. d’Ars s’est conduit sagement et bravement, mes enfants ! dit le marquis ; et, si la peur des reîtres vous a fait tourner bride, vous n’êtes dignes ni de son service ni du mien. Allez donc vous cacher derrière les murs ; mais, moi, je vous avertis que, si je suis forcé de reculer et de me renfermer chez moi, je vous en ferai déguerpir comme gens qui mangent trop et ne se battent point assez.

Ces reproches en ramenèrent plusieurs ; les autres prirent la fuite : ces derniers appartenaient presque tous à Guillaume.

C’étaient pourtant d’assez braves gens ; mais les reîtres avaient laissé dans le pays de si terribles souvenirs, et la légende y avait ajouté tant d’effroyables merveilles, qu’il fallait être deux fois brave pour les affronter.

Le marquis, accompagné des meilleurs, qui déjà rougissaient