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seule de ses armes qui ne fût pas, pour le moment, hors de service.

Bois-Doré allait franchir l’escalier, la pointe de l’épée levée, lorsqu’il sembla pressentir la conduite que devait tenir un aussi traître adversaire.

Il baissa la pointe en interrogeant chaque degré dans l’obscurité, devinant que Sanche se tenait courbé là et aux aguets pour se jeter sur lui en le faisant rouler en arrière. Il se prit donc d’une main à la rampe, mais sans assurer assez son corps.

Sanche, averti par le fer d’épée qui rencontra une marche, se releva, en franchit plusieurs d’un bond vigoureux, et vint tomber sur Bois-Doré, qu’il renversa et saisit à la gorge ; puis, lui mettant les deux genoux sur la poitrine :

— Je te tiens, maudit huguenot ! s’écria-t-il, et n’espère pas de merci, toi qui n’en as pas eu pour…

Avant d’achever sa phrase, il chercha la place du cœur, et, de l’autre main, il leva le couteau en disant :

Pour l’âme de mon fils !

Le marquis, étourdi de sa chute, ne se défendait que faiblement, et c’était fait de lui, lorsque Sanche sentit sur sa figure deux petites mains hésitantes qui, tout à coup, le déchirèrent si cruellement, qu’il dut faire un mouvement pour s’en débarrasser.

D’ailleurs, une pensée rapide lui fit abandonner le marquis :

— L’enfant d’abord ! s’écria-t-il.

Mais cette parole fut tout à coup ravalée dans sa gorge, et cette pensée tout à coup brisée dans sa tête par une commotion effroyable.

Mario avait suivi le marquis. Il avait entendu sa chute. Il avait saisi à tâtons la face de Sanche. Il avait reconnu,