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côtes ; puis, le laissant là, évanoui ou mort, il se jeta sur les autres.

Les domestiques du château étaient sortis aussi, même Clindor, et même le pauvre petit Fleurial, qui avait échappé aux bras de la Morisque éperdue, et qui se jeta dans les jambes du marquis, bien empêché de s’en apercevoir, puis, enfin, disparut dans le tumulte pour aller chercher Mario.

Lauriane, armé et exaltée, voulait sortir aussi.

— Au nom du ciel, dit Adamas en se jetant au devant d’elle, ne faites pas cela ! si monsieur voit sa chère fille dans le danger, il en perdra l’esprit, et vous serez cause qu’il se fera tuer. Et d’ailleurs, voyez, madame ! me voilà seul pour fermer la porte, ce qui peut sauver les nôtres. Sait-on ce qui peut arriver ? Rester pour m’aider au besoin !

— Mais la Morisque est sortie ! s’écria Lauriane. Vois, Adamas, vois ! cette brave fille cherche Mario. Elle suit le petit chien ! Mon Dieu ! mon Dieu ! Mercédès, revenez ! vous allez vous faire tuer !

Mercédès n’entendait rien au milieu de la bataille. D’ailleurs, elle n’eût rien voulu entendre : elle ne songeait qu’à son enfant. Elle traversait littéralement le fer et le feu ; elle eût traversé le granit.

Le marquis et Aristandre, vaillamment secondés, furent bientôt maîtres du terrain, et commencèrent à refouler les bandits, partie du côté des ruines de la grange, partie du côté de l’huis. Ceux qui passèrent sous le grand pignon, sans s’inquiéter de sa chute imminente, furent reçus à coups de pique et de pieu par les vassaux de Bois-Doré, qui avaient commencé à franchir ce passage redouté.

On en tua et l’on en prit plusieurs. Les autres rebroussèrent