Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

lons y perdre nos meilleurs valets, peut-être sans profit ! Avisons à faire de l’ouvrage qui serve.

— Oui, certes, répondit Bois-Doré, occupez-vous de les retenir. Ce n’est pas un moment de plus ou de moins qui empêchera ma grange de brûler ; j’aime mieux la vie de ces bons chrétiens que toute ma récolte. Rappelez-les, et les apaisez ! Je me veux d’abord occuper de cet enfant qui m’inquiète.

En parlant ainsi, le marquis emmenait Mario un peu à l’écart.

— Mon fils, lui dit-il, donnez-moi votre parole de gentilhomme de ne point avancer que je ne vous appelle.

— Eh quoi ! mon père, s’écria Mario consterné, vous me parlez comme faisait tantôt Aristandre, et vous me traitez comme un tout petit enfant ! Sont-ce là les leçons d’honneur et de vaillance que vous me donnez aujourd’hui, vous qui… ?

— Silence, monsieur ! obéissez ! dit le marquis parlant pour la première fois avec autorité à son bien-aimé. Vous n’êtes point encore en âge de vous battre, et je vous le défends !

De grosses larmes vinrent aux yeux de l’enfant. Le marquis détourna les siens pour ne pas les voir, et, laissant Mario au milieu d’une petite réserve de ses bons serviteurs, il courut rejoindre Guillaume d’Ars, qui avait réussi à ramener l’ordre et l’obéissance dans sa troupe.

— Il est très-inutile, lui dit le marquis, d’essayer de forcer l’huis : avec deux hommes, il peut être défendu une heure, à moins que nous ne voulions sacrifier une vingtaine des nôtres. Ah ! mon cousin, c’est fort bien fait de fortifier ses entrances, mais c’est fort mal commode