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— Marchons toujours ! lui dit Mario. Si ce ne sont point des ennemis, nous le verrons bien !

— Vive Dieu ! répondit le marquis, ce sont les reîtres, car ils nous suivent ! Courons, courons, mon cher enfant.

Et il pensa en lui-même :

— Que Dieu donne des jambes à mes pauvres chevaux !

Mais les chevaux avaient trop couru dans la terre grasse pour n’avoir pas perdu leur première ardeur, et ceux qui les poursuivaient le serrèrent bientôt de si près, qu’à tout moment le marquis croyait entendre siffler les balles à ses oreilles. Il perdait du temps à vouloir, en dépit de Mario, se tenir derrière lui pour recevoir la première décharge.

Un cavalier mieux monté que les autres l’atteignit presque et lui cria :

— T’arrêteras-tu, larron, et faudra-t-il que je te tue ?

— Dieu soit loué, c’est Guillaume ! s’écria Mario ; je reconnais sa voix !

Ils tournèrent bride, et ne furent pas peu surpris de voir Guillaume s’élancer sur eux et faire mine de jeter le marquis à bas de son cheval.

— Hé ! mon cousin ! dit Bois-Doré, ne me reconnaissez-vous point ?

— Ah ! qui diable vous reconnaîtrait dans cet équipage ? répondit Guillaume. Qu’est-ce que vous avez donc là de blanc sur la tête, mon cousin, et quelle sorte de jupon portez-vous flottant sur la cuisse ? Je voulais avoir de vos nouvelles ; puis, vous voyant de près, je croyais bien reconnaître votre cheval et celui de Mario. Mais je m’imaginais voir en vous des voleurs qui emmenaient vos montures, peut-être après vous avoir assassinés ! Est-ce donc là Mario ? Vraiment, vous êtes accoutrés d’une étrange façon tous les deux !