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Le marquis devint furieux ; mais il s’apaisa aussitôt en regardant son pauvre enfant, qui pâlissait de terreur, malgré son courage.

Il n’y avait pas à faire résistance. Mario était tenu en joue.

Bois-Doré tomba aux pieds de la Proserpine.

— Ne faites pas souffrir mon enfant ! s’écria-t-il ; je cède, je me soumets, je vous épouse ; que voulez-vous donc de plus que ma parole ?

— Je veux ton seing et ton scel, répondit la Proserpine.

Le marquis prit la plume d’une main tremblante, et, sous la dictée de cette furie, il écrivit :

« Moi, Sylvain-Jean-Pierre-Louis Bouron du Noyer, marquis de Bois-Doré, je promets et jure à demoiselle Guillette Carcat, dite Bellinde et dite Proserpine… »

En ce moment, une effroyable rumeur se fit entendre, et les reîtres de Proserpine s’élancèrent vers la porte.

C’étaient les Allemands du capitaine qui, appelés par lui de la fenêtre, accouraient pour le délivrer. La garde était montée par les Italiens de Saccage, qui avaient ordre de ne laisser entrer ni sortir personne.

Ces trois corps étant toujours en querelle comme leurs chefs, ceux-ci les maintenaient en les séparant. Mais, cette fois, ce fut impossible ; Saccage, que les cris de Macabre avaient attiré aussi, et qui pensait que la Proserpine voulait en finir avec son tyran, s’efforçait d’empêcher que les Allemands ne lui portassent secours. Quant aux Français de la lieutenante, ils ne voulaient ni des uns ni des autres, et ils commencèrent tous à se colleter, sans faire encore usage de leurs armes, mais