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elle ne daigna pas lever les yeux sur lui tout de suite, distraite qu’elle était par les hommages archi-familiers que lui adressait le lieutenant Saccage, lequel, placé à côté d’elle, profitait de tous les instants où Macabre ne les observait pas de trop près.

Le marquis put donc se placer derrière la Proserpine, dans l’attitude d’un respectueux serviteur qui attend des ordres, et, d’un mouvement adroit, il fit passer Mario derrière lui.

— Ah ! te voilà enfin, gibier d’estrapade ! s’écria le capitaine en frappant du poing sur la table. Ta crainte me vend ta traîtrise, et je vois clair dans tes mauvais desseins !

Bois-Doré, se croyant dévoilé, faillit envoyer le déguisement au diable et jouer du couteau de cuisine pour mourir au moins sans insulte ; mais Mario était là, qui glaçait son courage. Incertain du sens des paroles qui lui étaient adressées, il se garda de répondra et de faire entendre sa voix aux oreilles de la Proserpine.

Il se contenta de regarder fixement le Macabre d’un air assuré. C’était, à son insu, la meilleure attitude qu’il pût prendre.

— Voyons, parleras-tu ? hurla de nouveau le capitaine, qui paraissait inquiet et qui se sentait rassuré par son air de candeur. Tu fais le simple, mauvais drôle ! cependant, tu n’ignores point qu’en ne te présentant pas ici toi-même, et en te faisant tirer l’oreille pour te rendre à ton devoir, tu as manqué à toutes les règles et à toutes les bienséances de ton chien de métier.

Bois-Doré, décidé à ne point parler, fit une pantomime équivalant à un point d’interrogation, avec un mouvement de tête qui signifiait : « De quoi s’agit-il ? »