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c’est assez causer, vieux babillard ! Allez en bas tout surveiller.

Bois-Doré, renvoyé à ses fourneaux, fut forcé de quitter Mario, que le capitaine retint près de lui.

Il échangea, en sortant, un regard avec son fils, un regard plein d’angoisse, que l’enfant lui renvoya plein de confiance. Il sentait que Macabre n’était pas mal disposé en sa faveur.

— Çà, petit, dit le capitaine, avance ici à l’ordre, et dis-moi, si tu peux, qui tu es !

— Je n’en sais, ma foi, rien, mon capitaine, répondit Mario, qui n’avait pas encore eu le temps d’oublier la manière de parler de la bohème ; je suis enfant volé ou trouvé sur quelque chemin par les estradiots noirs que l’on nomme égyptiens.

— Que sais-tu faire ?

— Trois grandes choses, dit Mario, qui se rappela à propos les belles maximes de La Flèche : jeûner, veiller, courir ; avec ça, on va loin et l’on se tire de tout.

— Il a de l’esprit, dit Macabre en regardant son lieutenant, qui, pour lui témoigner sa mauvaise humeur, lui tourna le dos en s’asseyant à cheval sur sa chaise, la tête et les mains appuyées sur le dossier, les reins au feu.

Macabre trouva la posture indécente et lui en fit l’observation en termes cyniques. Saccage se leva sans rien dire et sortit.

Mario observait toutes choses, et la mésintelligence des deux chefs lui parut de bon augure. Il se promit d’en tirer parti, s’il était possible, et si l’occasion s’en présentait.

Macabre reprit la conversation avec lui.