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s’était peint accusait un peu trop, devant Lauriane, l’existence et l’emploi de cette palette de beauté qu’il croyait tenir si bien cachée dans sa toilette et sur son propre visage. Il n’osa même pas demander à l’enfant où il avait pris cette enluminure ; il eût craint une réponse trop ingénue. Il se contenta de lui dire qu’il s’était défiguré et qu’il eût à aller se débarbouiller.

Lauriane comprit l’embarras et l’inquiétude de son vieil ami, et rentra sa gaieté ; mais l’idée du Mario ne lui en parut que plus bouffonne, et, durant tout le souper, elle eut ce fou rire de jeune fille que la contrainte change en excitation nerveuse.

L’effet en fut magique sur Mario ; si bien que le marquis leur dit avec douceur :

— Allons, enfants, riez donc tout votre soûl, puisque vous en avez tant d’envie !

Mais il ne rit point lui-même, et, le soir, il gronda Mario, qui se repentit et promit de ne jamais recommencer.

Cette espièglerie avait beaucoup diverti M. Clindor, qui avait cassé une belle pièce de faïence en pouffant de rire. Grondé par le marquis, il avait perdu la tête et marché sur la patte de Fleurial. Adamas n’avait pu résister à la drôlerie de Mario, et, lui aussi, il avait ri ! La Bellinde fut la seule qui tint son sérieux, et le marquis lui en sut gré.

— Cet enfant est bien espiègle, dit-il le soir à Adamas, et tout ce qu’il fait marque un esprit badin et fort plaisant. Il ne faudrait pourtant pas le trop gâter, Adamas !

Le lendemain, autre affaire : un des flacons de carmin de la toilette se trouva cassé, et la belle toilette de guipure tachée. On accusa Fleurial ; mais ces mêmes taches