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fort âgé ; mais il annonçait encore une force herculéenne. Sa voix âpre, toujours tenue au diapason élevé du commandant militaire dans la bouche d’un sot, résonnait comme un tonnerre enrhumé et faisait vibrer les verres posés sur la table.

Il était vêtu à la mode des reîtres, en justaucorps et tassettes de buffle, avec un morion et une cuirasse en fer verni. Une méchante plume noire tout ébarbée se dressait sur ce casque noir et luisant. Il portait la forte et large épée allemande, contre laquelle se brisait facilement la lance brillante de la gendarmerie française ; les pistoles avec pierre à feu, premier essai du pistolet à pierre, auquel nos soldats préféraient encore, à tort, les armes à rouet et à mèche ; le court mousquet et la bandoulière garnie de petits étuis de cuir noir contenant les charges de poudre et de plomb, complétaient l’armement de campagne du personnage.

Son escorte particulière, ou, comme on disait encore, sa lance, se composait de deux carabins estradiots (carabiniers, batteurs d’estrade) et de deux coutilliers cumulant les fonctions de page et de maréchal-ferrant.

Il avait, en outre, sept soldats bien armés et bien montés en chevau-légers, qui ne le quittaient jamais et qui étaient l’élite de sa cornette ou troupe de choix. Du moins, c’est ainsi que nous pouvons traduire, par des équivalents pris dans l’usage de ce temps, les titres et grades de cette compagnie d’aventuriers étrangers, dont chaque chef modifiait, selon son pouvoir ou son caprice, l’organisation, l’équipement et les cadres.

Mario ne s’était pas trompé en évaluant à vingt-cinq hommes la bande amenée par le capitaine, réunie à celle qui l’avait précédé sous les ordres de son lieutenant.

— Voilà une sale auberge ! cria le capitaine d’un ton