Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Comme trente diables !

— J’en suis bien sûr ! et après ?

— Après, après… la herse est tombée, et j’ai couru pour fermer les portes.

— Par l’enfer ! elle est peut-être tombée sur… Vite, prends ce flambeau, viens !

— Non, non ! J’ai vu les gens écrasés. Il n’en était pas.

— Tu n’as pas bien vu, tu avais peur !

— Peur, moi ? Par exemple !

— C’est égal, viens, je te dis !

Et Adamas courut rouvrir les portes et regarder en tremblant les cadavres aplatis sous les dents de fer. On les avait, en outre, tellement mutilés, que ce spectacle atroce fit tomber la torche des mains du page.

Adamas se releva en jurant ; mais, à la lueur de la torche fumante près de s’éteindre dans le sang, il vit Aristandre debout derrière lui.

— Ah ! mon ami ! s’écria-t-il en se jetant à son cou. Mario ? où est Mario ?

— Sauvé ! dit le carrosseux, et moi aussi, non sans peine ! Vite un verre de genièvre ou de brandevin ! les dents me claquent, et je ne veux pas mourir, sacrebleu ! je peux encore être bon à quelque chose céans !

— Comme te voilà fait, mon pauvre ami ! dit Adamas, qui le conduisit vite dans la cuisine, où Clindor lui versa à boire ; d’où diable sors-tu ?

— De l’étang, parbleu ! répondit le carrosseux, qui était couvert de vase : par où serais-je entré ? Il y a un quart d’heure que je piétine dans les herbes et dans la boue.

Et, arrachant ses habits en lambeaux, il se mit nu devant le feu, disant :