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pour achever de déblayer le passage secret, afin de courir par là à la rencontre de Mario, et d’envoyer avertir le marquis, tout en faisant fuir les femmes. Mais il avait trop mesuré le terrain pour ne pas savoir qu’il y en avait encore pour bien des heures, et, pendant ce travail, le château, n’étant plus gardé, pouvait être envahi. Que deviendrait-on alors, enfermé dans ces souterrains sans issue, dont l’entrée pouvait bien ne pas échapper aux recherches des pillards ?

Il fut interrompu dans sa méditation agitée par Clindor, qui s’approchait de lui sur la pointe du pied.

— Que viens-tu faire ici, méchant page ? lui dit-il avec humeur.

Et, sans songer qu’il se reposait lui-même, il ajouta :

— Est-ce une nuit pour se reposer ?

— Non ! je le sais, répondit le page ; mais je cherche…

— Qui ? Parle vite !

— Le carrosseux ! ne l’avez-vous point vu ?

— Aristandre ? L’aurais-tu vu, toi, que tu le cherches ? Réponds donc !

— Je ne l’ai point vu dans le château ; mais, aussi vrai que vous êtes là, je l’ai vu sur le pont dormant, pendant qu’on s’y cognait.

— Mort de ma vie ! il n’est point céans, j’en réponds ! Mais Mario ! il devait le ramener ! As-tu vu Mario ?

— Non ; j’y ai bien pensé, j’ai bien cherché des yeux : Mario n’y était pas.

— Alors, Dieu soit loué ! Si Mario eût été avec lui, tu n’aurait pas vu l’un sans l’autre. Il ne l’aurait pas quitté d’une semelle. Il ne se serait pas jeté dans la bataille ! Sans doute, monsieur aura gardé l’enfant et renvoyé le carrosseux pour nous le faire savoir. Mais ce pauvre carrosseux !… Tu dis qu’il se battait ?