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les endroits exposés au feu des assaillants, de manière à le prévenir par le leur, et, pour que personne ne s’endormît, il passa le temps à aller de l’un à l’autre, distribuant des éloges et des encouragements, montrant de l’espoir, de la crainte ou une confiance absolue dans la suite des événements, selon le tempérament de chacun. Le sage Adamas, n’ayant jamais manié d’autre arme que le peigne et le fer à papillotes, remplissait évidemment le rôle de la mouche du coche, rôle qu’il savait rendre utile, et que savent bien nécessaire, parfois, ceux qui connaissent la lenteur et l’apathie berrichonnes.

Quand tout fut réglé, Adamas, épuisé de fatigue et d’émotion, se jeta sur une chaise dans la cuisine, pour reprendre haleine, ne fût-ce que pour cinq minutes, et recueillir ses esprits.

Il avait le cœur bien gros et n’osait confier sa peine à personne. Lui seul savait que Mario ne devait point accompagner son père à Brilbault, et que, s’il n’était pas déjà pris, il pouvait, d’un moment à l’autre, arriver et tomber aux mains de l’ennemi.

Ni Lauriane ni Mercédès ne partageaient son angoisse ; pour ne pas les inquiéter, le marquis leur avait caché ses projets. Selon lui, il ne s’agissait que d’une battue pour laquelle il emmenait son monde. Elles avaient bien pressenti quelque chose de plus sérieux, à son air préoccupé et aux pourparlers qu’il avait eus tout le jour avec ses amis et ses gens ; mais elles connaissaient trop sa tendresse paternelle pour craindre qu’il exposât Mario dans quelque danger, et toutes deux s’imaginaient qu’il passerait la nuit au château d’Ars ou au château du Coudray.

Adamas était livré à mille perplexités, se demandant s’il ne devrait pas mettre tout son monde à l’ouvrage