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qui étaient toujours en état de faire leur office. Elles s’empressèrent d’allumer les mèches et se tinrent prêtes, s’encourageant l’une l’autre, et tâchant de se rappeler ce qu’elles avaient vu faire et enseigner, par manière d’exercice, à Mario et aux jeunes gens de la maison. Mais il n’y avait pas encore moyen de tirer sur l’ennemi, tant qu’il s’étreignait corps à corps avec les défenseurs du manoir.

Mais que faisait Adamas, en ce moment suprême ? Adamas était dans les entrailles de la terre.

On se souvient d’un passage secret, à l’aide duquel on devait, au besoin, faire évader Lucilio.

Ce souterrain, passant sous le fossé, conduisait à un chemin creux que les inondations avaient ensablé depuis quelques années. Adamas s’était imaginé que le déblayement de l’ouverture serait l’affaire de quelques heures de travail de ses terrassiers. Mais le dommage était plus considérable, et, depuis trois jours, on n’avait pas réussi à rendre le passage praticable.

Il allait chaque soir examiner l’ouvrage de la journée, et, pendant la bataille, il était donc là enfoui, faisant son inspection, prenant ses mesures à la toise et ne se doutant pas du vacarme qui régnait au dehors.

Quand il sortit de son trou, qui aboutissait au-dessous de l’escalier de la tourelle, il fut comme ivre pendant quelques instants et se crut halluciné ; mais lui, l’homme aux expédients, il recouvra vite sa présence d’esprit.

Il arrivait juste au moment où les assiégés faisaient irruption dans le préau et où, chacun perdant la tête, l’ennemi allait y pénétrer aussi.

Agile et toujours bien chaussé, en véritable homme de chambre qu’il était, il ne fit qu’un saut à la manœuvre