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C’était Pilar, qui l’avait devancé à la course, et qui revenait sur ses pas pour le chercher.

— Eh bien, et bien, qu’est-ce que tu fais là ? lui dit-elle. Viens donc, pendant qu’ils le tuent ! Quand ils auront fini de le tuer, ils courront après nous !

L’effroyable sang-froid de la petite bohémienne fit horreur à Mario. Élevée au milieu des scènes de violence et de carnage, elle ne connaissait presque plus la peur, et ne soupçonnait même pas la pitié !

Mais, par je ne sais quel enchaînement rapide d’idées, Mario pensa à Lauriane, et toute la résolution dont un enfant peut être capable, lui revint au cœur.

Il reprit sa course, et, faisant signe à Pilar de suivre le chemin d’en bas, il se dirigea vers celui qui monte aux plateaux du Chaumois.

Au bout de dix pas, il tomba en heurtant un objet placé en travers du chemin.

C’était le second cadavre qu’Aristandre lui avait montré en arrivant, et qu’ils n’avaient pas eu le temps de regarder.

En se sentant sur ce mort, Mario fut pris d’une sueur froide : c’était peut-être Adamas ! Il eut le courage de le toucher, et, après s’être assuré que c’étaient les habits d’un paysan, il se remit à courir.

La vue du ciel pâle au-dessus de la plaine nue lui rendit un peu de respiration ; l’obscurité l’étouffait. Il prit à vol d’oiseau ; mais une nouvelle terreur l’attendait dans cette plaine.

Une forme pâle et indécise semblait voltiger sur les sillons. Elle venait vers lui. Il chercha à l’éviter ; elle le suivait. C’était une bête quelconque lancée après lui. Tous les contes de la veillée des villageois sur la levrette