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et de civilité à quoi m’oblige le soin de votre sûreté, de même que pour ces habits sans luxe et sans grâce que je vous fais porter…

Le pauvre Giovellino, qui, de sa vie, n’avait été si bien mis et si tendrement choyé, interrompit le marquis en lui serrant les deux mains, et Bois-Doré fut ému en voyant de grosses larmes de reconnaissance tomber sur la grande moustache noire de son ami.

— Allons, dit-il, vous me payez trop, puisque vous m’aimez si bien !… Il faut que je vous récompense à mon tour, en vous parlant de la gentille Lauriane. Mais ce qu’elle m’a dit pour vous, faut-il vous le redire ? Vous n’en serez pas trop faraud ?… Non ?… Allons, voici. D’abord :

«

— Comment se porte votre druide ?

» Moi de lui répondre que ce druide était sien bien plutôt que mien, et qu’elle se devait bien ressouvenir que Climante n’était, dans l’Astrée, qu’un faux druide, aussi amoureux que tout autre amant de cette admirable histoire !

»

— Oui, oui, a-t-elle répondu, vous m’en donnez à garder ; si ce Climante-ci était aussi épris de moi que vous me le montrez, il serait venu avec vous aujourd’hui, tandis que deux semaines sont déjà écoulées, que nous ne l’avons aperçu. Me direz-vous, comme dans votre Astrée, qu’il a des tressauts quand il entend mon nom, et des soupirs qui semblent lui mépartir l’estomac ? Je n’en crois rien et le regarde plutôt comme un inconstant Hylas !

» Vous voyez que l’aimable Lauriane continue à se moquer d’Astrée, de vous et de moi. Pourtant, lorsque je me suis départi d’elle à la nuit tombée, elle m’a dit :

»

— Je veux qu’après-demain vous ameniez chez nous