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c’eût été celui de ne pas aimer assez la vraie religion et de n’y voir qu’un moyen de dompter la révolte.

— C’est vrai, c’est vrai, dit Bois-Doré, qui détestait la discussion et qui ne demandait qu’à en finir, tandis que M. de Beuvre, s’agitant sur sa chaise, faisait bien voir qu’il n’en avait pas fini.

— Après tout, reprit d’Alvimar espérant conclure, n’a-t-il pas fidèlement et ardemment servi le roi Henri, à la mémoire duquel vous me semblez ici tout dévoués ?

— Et avec raison, monsieur ! s’écria M. de Beuvre, avec raison, mordi ! Où trouverez-vous un roi plus sage et plus humain ? Mais combien de temps votre enragé ligueur de La Châtre ne l’a-t-il pas combattu ? combien de fois ne l’a-t-il pas trahi ? et combien d’écus a-t-il fallu lui donner pour qu’il se tînt tranquille ? Vous êtes un jeune homme, vous, et un homme du monde ; vous n’avez vu que le courtisan et le beau parleur ; mais nous autres, vieux provinciaux, nous les connaissons, nos tyranneaux de province ! Je voudrais bien que M. de Bois-Doré vous racontât de quelle manière ce grand guerrier fit par mensonge et trahison, la glorieuse conquête de Sancerre !

— Merci de moi ! dit Bois-Doré avec un peu d’humeur ; comment voulez-vous que je me rappelle pareille chose ?

— Et pourquoi donc ne vous plairait-il pas vous en souvenir ? reprit de Beuvre sans faire attention au dépit du marquis ; vous n’étiez pas à la mamelle, je pense ?

— J’étais du moins si jeune, que je ne me souviens de rien, dit Bois-Doré.

— Eh bien, moi, je me souviens ! s’écria de Beuvre,