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de faire une toilette d’une heure, et, pour rien au monde, il ne voudrait se présenter devant une dame, — même devant celle-ci, qui est à ses yeux comme sa fille, car il l’a vu naître, — sans s’être lavé, parfumé, rhabillé de la tête aux pieds. C’est son plaisir, et il n’y a pas grand mal. Nous ne nous gênons point avec lui, et nous le gênerions en retardant notre repas pour l’attendre.

— N’aurais-je pas dû, dit d’Alvimar quand on l’eut fait asseoir au haut bout de la table, aller présenter mes respects à M. de Bois-Doré, dans sa chambre, avant de me mettre à dîner ?

— Non ! dit Lauriane en riant, vous l’eussiez bien chagriné en le surprenant à sa toilette. Ne nous demandez pas pourquoi ; vous le comprendrez de vous-même sitôt que vous l’aurez vu.

— Et, d’ailleurs, ajouta M. de Beuvre, vous ne lui devez de prévenances qu’à cause de votre jeune âge ; car en qualité d’hôte fiduciaire, c’est lui qui vous doit toutes les avances. Or, je me charge de vous présenter à lui, M. d’Ars m’ayant confié ce soin-là.

En parlant du jeune âge de d’Alvimar, M. de Beuvre partageait l’erreur qu’il faisait naître à première vue.

Quoiqu’il fût alors près de la quarantaine, il paraissait être au-dessous de la trentaine, et peut-être M. de Beuvre comparait-il intérieurement le beau visage de son hôte temporaire avec celui de sa chère Lauriane. Sa préoccupation constante était de lui trouver, en dehors du pays, un mari qui n’exigerait pas l’abjuration solennelle.

Il ignorait, le bon gentilhomme, que les jésuites régnaient déjà partout, et que le Berry était encore une des provinces les moins travaillées par leur propagande.

Il ignorait aussi que d’Alvimar fût, dans son âme, un