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marquis ! Courons vitement voir passer les beaux messieurs de Bois-Doré !

Pendant que ces choses se passaient dans l’heureux pays de Berry, le midi de la France croissait en effervescence.

Vers le 15 novembre, on avait appris d’une manière certaine, à Bourges, que le roi avait été forcé de lever le siége de Montauban.

Le jeune roi était brave ; il avait pleuré en se retirant.

Luynes, qui avait prétendu réduire le parti par la corruption des chefs, avait échoué auprès de Rohan, général de la province et défenseur de la ville. Il était malheureusement prouvé que ce noble seigneur était au nombre des rares exceptions, et que le système de Luynes était efficace avec la plupart des nobles révoltés ; mais ce système d’achètement ruinait la France et dégradait la royauté.

Louis XIII le sentait par moments et voyait ses efforts paralysés par l’incapacité et l’indignité de son favori.

L’armée était mal tenue et mal payée. Le désordre était scandaleux ; le roi soldait trente mille combattants, et n’en avait pas douze mille effectifs pour tenir la campagne. Les officiers étaient découragés. Mayenne venait d’être tué. Le carme espagnol Domingo de Jesu-Maria, à la sainteté et à l’enthousiasme duquel les dévots allemands attribuaient la victoire de Prague, avait prophétisé en vain sous les murs de Montauban.

Les faux miracles sont plus difficiles en France qu’ailleurs. Les calvinistes relevaient donc la tête, et, dans les premiers jours de décembre, M. de Bois-Doré vit arriver chez lui M. de Beuvre, très-animé, lequel lui dit en confidence :

— Mon voisin, je viens vous consulter sur une affaire